Alphonse Mucha, l'affichiste de l'Art Nouveau
28 octobre 2018
Je suis allée le week-end dernier au Musée du Luxembourg pour visiter l'exposition Alphonse Mucha. Beaucoup de monde bien sûr et trop peu d'oeuvres exposées à mon goût (snif) mais cela vallait quand même le coup de vous parler de Mucha, cet artiste symbole de l'Art Nouveau.
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Qui est Alphonse Mucha ?
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Il s'agit d'un des plus grands affichistes de la Belle Epoque dont le style est devenu emblématique de l'Art Nouveau. A vrai dire, "affichiste" semble un peu réducteur en regard de tous les supports qu'il a pu utiliser au cours de sa carrière. Bon, je recommence ma présentation. Mucha est un touche-à-tout à la fois affichiste, décorateur (théâtres, intérieurs, expositions...), illustrateur, peintre, sculpteur... qui a sû créer un véritable style artistique caractéristique de la Belle Epoque. :)
Mais comment en est-il arrivé là ? Comment a-t-il réussi à bousculer les codes de l'affiche et, de manière plus générale, de la décoration? C'est ce que The Townie's Note vous révèle aujourd'hui (tadadaaaam).

C'est lui
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Né en Moravie en 1860, Mucha tente à 17 ans d'intégrer l'Académie des Beaux-Arts de Prague, en vain. Deux ans plus tard, il part pour Vienne et se fait embaucher en tant qu'aide dans l'atelier de peinture d'une entreprise spécialisée en décors de théâtre (dont j'ai oublié le nom allemand, un peu complexe à retenir). Cette première expérience artistique va développer chez lui le goût du grandiose et des compositions monumentales aux couleurs chatoyantes.
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Licencié après l'incendie de l'entreprise, il rentre chez lui, en Moravie, où il survie en réalisant des portraits et des décorations. C'est sa rencontre avec les comtes Karl et Egon Khuen-Belasi qui marque le premier tournant de sa carrière. Mucha va décorer leurs châteaux et Egon (appellons le Egon) deviendra le mécène de Mucha. Ce dernier part perfectionner son art à Munich (ville en pleine ébullition artistique) puis à Paris, où il arrive en 1897. Mais quelque temps après, le comte cesse de soutenir financièrement Mucha qui est forcé de travailler (le malheureux). Il réalise quelques illustrations pour une revue de théâtre et des petits décors pour des restaurants notamment.
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Soudain c'est LA deuxième rencontre de sa vie. Durant les fêtes de fin d'années de 1895, l'imprimeur pour lequel il travaille doit créer une affiche pour le spectacle de Sarah Bernhardt "Gismonda". Or, tous les artistes de l'imprimeur sont partis en vacances. Mucha est donc réquisionné d'urgence et dessine au plus vite une affiche qui va le révéler au grand public. Sarah Bernardht est ravie, que dis-je subjuguée, et signe un contrat de 6 ans avec Mucha pour qu'il réalise ses prochaines affiches. Ces dernières sont si renommées que les gens les découpent à la nuit tombée pour les collectionner (les vilains, c'est interdit).
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La vraie Sarah Bernhardt.
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Le moins que l'on puisse dire c'est qu'on ne la reconnait pas sur l'affiche.
Mais pourquoi un tel succès pour cette affiche ?
(que de questions dans cet article, cher lecteur !)
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1) Parce que Mucha utilise un format original. Oui, c'est original de présenter une affiche somme toute publicitaire en grandeur quasi-nature (je ne sais pas si ça ce dit mais je le dis). Avant, les affiches étaient plus petites.
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2) Parce que les couleurs pastels changent des couleurs criardes que l'on a l'habitude de voir (dans les affiches de Toulouse Lautrec par exemple).
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3) Parce qu'il s'agit de bien plus que d'une affiche publicitaire. L'art du détail, du grandiose, du spectacle ont ébloui Sarah Bernardht et les passants. L'actrice est présentée devant une mosaïque dorée, telle une icône slave, richement drapée et ornée de fleurs.
Ca ce n'est pas Sarah Bernhardt
Après l'affichage de cette affiche (oula! redondance), tout s'emballe pour Mucha. Les commandes pour d'autres affiches affluent, il participe au "plus grand évènement du siècle" (l'Exposition universelle de 1900) où il décore le pavillon de la Bosnie-Herzégovine. Ses silhouettes de jeunes filles aux cheveux longs comme des lianes servent aussi à orner les boîtes de LU, les affiches de Moet-Chandon ou de JOB. Les bijoux qu'il dessine vont être créer en réalité et il fera l'habillage de la boutique du bijoutier parisien Fouquet. Bref, Mucha est LE décorateur-affichiste-peintre... (et tout et tout) à la mode.
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Mais dès les années 1900 un autre projet lui trôte dans la tête. Il voudrait réaliser une oeuvre monumentale retraçant l'histoire du peuple slave. Plusieurs voyages aux Etats-Unis seront nécessaires pour trouver une personne (en l'occurence un riche industiel de Chicago) qui accepte de le financer. Il réalisera ses 20 toiles en une dizaine d'années et les considérera comme LE chef-d'oeuvre de sa vie.
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Mucha meurt d'une pneumonie en 1939, après avoir été interrogé par la Gestapo à cause de son appartenance à la franc-maçonnerie.

Epoque slave et historique de Mucha

Mucha réalisait des études minutieuses des fleurs et végétaux qu'il ajoutait à ses compositions. Ici, un coquelicot délicat.

Morceau d'un ornement décoratif typique de l'Art Nouveau. Note, cher lecteur, la souplesse des lignes végétales, le soucis de représenter avec la même attention la fleur et la racine.

Morceaux d'un éventail aux motifs floraux et végétaux. On remarque bien que le travail qu'il mène sur les plantes lui permet de composer des entrelats délicats de tiges et de pétales.

En remarque, il faut noter que ces affiches ont pu être réalisées grâce au procédé de la chromolithographie (ou lithographie couleur).
La lithographie est un principe d'impression qui consiste en l'application d'encre sur une pierre calcaire (lithos = pierre) sur laquelle on presse ensuite une feuille humide.



En résumé une exposition intéressante qui aurait pu être un peu plus riche en objets inspirés par Mucha. Je trouvais aussi, mais il s'agit d'une impression personnelle, que les oeuvres de l'Epopée slave étaient moins plaisantes que les premières. De même, la section "Mucha le mystique" présentant les peintures théologiques ou ésothériques de Mucha n'est pas la partie de sa carrière que j'affectionne le plus. Mais, à toi d'en juger par toi même cher lecteur.
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Pour rappel: Exposition Alphonse Mucha au Musée du Luxembourg jusqu'au 27 janvier 2019.