16 mai 2020
J'ai craqué.
Au bout de 45 jours de confinement, une pub d'Erborian qui apparaissait environ toutes les deux heures sur mon mur Facebook est venue à bout de ma patience. Clic, dans le panier. Pianotement sur le clavier d'ordinateur. Je vais chercher ma nouvelle carte bleue de chez Boursorama (vous savez, la banque à Brad Pitt). Et voilà, c'est commandé. Ne m'en voulez pas, j'avais absolument besoin de tester leur BB crayon au ginseng en ce temps de confinement où je ne vois bien entendu personne.
A peine cinq jours plus tard, je cours arracher le colis des mains de mon père qui l'avait lui-même pris des mains du facteur. Mesures de distanciations physique et sociale vous aviez dit ? Je retourne à mon bureau, un sourire presque carnassier aux lèvres et une lueur de curiosité maladive au fond des yeux. J'ouvre le paquet avec entrain et...c'est la déception. Sérieusement Erborian ?
Le premier produit est contenu dans une boîte en plastique transparent, pour le moins inutile puisque toutes les informations traitant de l'utilisation, la composition et la pérennité du crayon sont disponibles en ligne ou directement sur le produit. Et ça n'est pas tout. Vous comprenez bien qu'un crayon dans une boîte bouge autant qu'une paire d'écouteurs dans un sac – foutus écouteurs. L'équipe marketing d'Erborian a donc eu l'idée ingénieuse, que dis-je, lumineuse, d'insérer le crayon dans une sorte d'étui en plastique rigide, afin qu'il reste bien droit dans sa boîte. Il est vrai que ce que le consommateur attend le plus de son produit, c'est qu'il le reçoive dans un emballage parfait, positionné au centre de la boîte au millimètre près, afin de le contempler avec forte émotion avant de le jeter à la poubelle, environ trois secondes plus tard. Aïe aïe aïe...Est-il besoin que je vous parle du masque de nuit made in China offert, qui empeste le pétrole à plein nez et est envoyé, là encore, dans une pochette plastique ?
Il se trouve que j'ai choisi l'exemple de ma commande Erborian pour illustrer le sujet des plastiques à usage unique. Je précise que cette entreprise franco-coréenne est malheureusement bien loin d'être la pire dans l'utilisation à outrance des plastiques. J'en discutais d'ailleurs l'autre jour avec mon amie créatrice de ce blog : pourquoi diable les enseignes de distribution s'entêtent-elle à emballer individuellement les produits frais dans des barquettes en plastiques fermées par du cellophane ? En cette pandémie de covid-19, certaines enseignes n'hésitent pas à renforcer l'emploi des emballages plastiques au motif qu'ils seraient plus hygiéniques. C'est faux ! Archi faux ! En réalité, le virus reste actif sur les surfaces plastiques lisses jusqu'à une semaine, contre trois heures sur du papier par exemple. Quant aux fruits et légumes, il suffit simplement de bien les laver et de les peler avant consommation.

Une autre folie liée à l'épidémie de coronavirus : des barquettes vides sous cellophane, afin de donner une impression d'abondance et de remplissage au rayon fromage d'un magasin Grand Frais.
Quelques chiffres pour rendre mon article un peu plus scientifique.
Qu'allons-nous faire dans cette galère...?
Aujourd’hui:
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près de 250 kg de plastiques finissent dans les océans chaque seconde,
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chaque année, 80.000 tonnes de plastiques sont perdues dans la nature.
L'ensemble des déchets plastiques forment ce que l'on appelle le « 7e continent » dans le Pacifique Nord, continent qui fait désormais plus de 3 fois l'Europe.
Source : Mr Mondialisation, article Facebook daté du 10 mai 2020
Il est plus qu'urgent d'agir maintenant. Pas plus tard, pas en 2040 par exemple. Je n'ai pas choisi cette date au hasard. La loi anti-gaspillage, promulguée le 11 février dernier, fixe l'interdiction de la mise sur le marché des emballages plastiques à usage unique à l'horizon 2040. Non, ça n'est pas une mauvaise plaisanterie, hélas...Le problème ne sera pas réglé en inventant de nouveaux centres de tri et de recyclage toujours plus performants. Les citoyens n'ont pas à porter à eux seuls la responsabilité de la protection de l'environnement, étant de la sorte exhortés par les pouvoirs publics à mieux trier. L'erreur dans laquelle nous persistons est de chercher à faire de nos déchets des ressources, alors qu'il faudrait ne pas transformer nos ressources en déchets. Toutes les associations de protection de l'environnement le disent : le meilleur des déchets, c'est celui que l'on ne produit pas.
Chers membres du monde industriel et des metteurs sur le marché, il serait de bon ton – pour ne pas dire vital – que vous preniez vos responsabilités.
Cher lecteur, si toi aussi tu te sens concerné par ce désastre environnemental qu'est la pollution plastique, je t'invite à signer le Manifeste pour l'interdiction des plastiques à usage unique à l'horizon 2025, initiative menée par deux syndicats du sud-ouest de la France et suivie par plusieurs collectivités, groupes politiques et associations. Le lien est le suivant : www.stopplastiques2025.fr.
Je travaille sur ce Manifeste depuis décembre 2019, et j'espère bien qu'il arrivera au plus vite dans l'ordre du jour du Parlement car la planète n'attend pas. Je vous tiens au courant !
Prenez soin de vous,
MC
Moi c'est Magali, 23 ans, étudiante en histoire et collaboratrice de groupe politique à Toulouse Métropole.
MAIS QUI ECRIT ?
Qui es tu ?
Mes passions ? Débattre politique, économie, social et environnement jusqu'à ce que mort s'ensuive. J'adore aussi lire et écrire - no kidding Captain Obvious - et déguster des cannelés.
Au plaisir de discuter avec vous !