Bonjour à tous !
Pour ce tout premier édito du blog, j'avais envie de vous relater brièvement (ou non) un évènement auquel j'ai participé le week-end dernier. Il s'agissait d'une rencontre, organisée par des étudiants de l'X*, sur le thème "Transition écologique et numérique". Bon rien de nouveau me direz vous. Or j'ai trouvé que les professionnels invités à prendre la parole ont soulevé de nombreux points intéressants, qui peuvent entrainer une petite réflexion (en tout cas, cela m'a fait cogiter, moi).
Je ne vais pas vous décrire dans le détail comment se sont déroulés les 4h de conférences et ateliers de cet évènement (même si je me doute que tu en meures d'envie cher lecteur), mais j'aimerai vous lister les points qui ont retenu mon attention:
1ER POINT: Un des participants décrivait les effets dévastateurs du changement climatique et l'urgence de "décarbonner" nos modes de vie. Etant dans le domaine immmobilier, il mentionnait quelles pouvaient être les actions à mener dans les villes:
- Densifier la ville. Pourquoi densifier ? Parce que l'étalement urbain entraine un usage important de la voiture, provoque des migrations pendulaires exacerbées (et donc des bouchons, des rejets de CO2 etc etc), une disparition des zones naturelles et/ou rurales, une imperméabilisation des sols et l'accroissement des risques d'inondation...
Le sujet de la densification des villes est vaste et passionnant. Il mérite assurément un article plus complet. :) Mais, en somme, limiter au maximum les constructions périurbaines c'est minimiser les déplacements des citadins, piétonniser ou vélo-iser (bon pas sûre pour ce mot) ces déplacements, éviter de construire des infrastructures coûteuses (que ce soient des routes, des stades ou les divers raccordements en eau, électricité, gaz nécessaires), favoriser l'usage des infrastructures existantes en centre-ville.
- Rénover notre bâti plutôt que de construire du neuf. Le mentra de cette rencontre semblait d'ailleurs être "la meilleure énergie est celle que l'on ne dépense pas". Et bien, pour les bâtiments c'est la même chose. Evitons de créer quand on peut réutiliser ce qui existe déjà. L'idée de rénovation évoque également les formidables pertes énergétiques dues aux bâtiments mal isolés, qu'il conviendrait de rénover...
- Reconsidérer la notion d'espace habitable. Bon ça j'avoue, c'est moi qui en parle maintenant. Oui, je me demande si l'habitation classique que nous connaissons, et surtout la taille des différentes pièces qui composent ces habitations, a encore un sens alors que nos modes de vie ne sont plus du tout ceux d'il y a 20 ans. Pourquoi construire des espaces qui ressemblent à ceux des générations précédentes, alors que nous n'avons pas les mêmes habitudes ni les mêmes aspirations qu'elles (télé-travail qui se multiplie, familles de plus en plus recomposées...). Peut être que la notion d'espace, et particulièrement d'espace habitable, devrait être repensée, re-étudiée pour éviter de perdre des mètres carrés inutilement et de devoir obliger les habitants à s'adapter à leur habitat (plutôt que l'inverse).
2EME POINT : La mobilité et l'énergie vertes. Il y eut de grands débats sur ces sujets. Oui, car ce qui nous semble peu polluant, peu carboné est peut être un leurre. Par exemple, un polytechnicien racontait que des panneaux solaires fabriqués en Chine mettaient 20 ans à économiser le CO2 dépensé lors de leur conception (je ne sais pas si cette phrase est claire. Peut être en la relisant plusieurs fois). Tandis que les mêmes panneaux fabriqués en France n'en mettaient que 5... Donc l'énergie "verte" n'est pas aussi facile à produire que ça, il convient d'être prudent et méfiant. De même, penser qu'en se servant d'une trottinette électrique on est écolo , ce n'est pas si vrai. Cette trottinette, comme les panneaux solaires précédemment évoqués, a sûrement émis plus de CO2 que ce que son utlisateur évite d'émettre en l'utilisant (plutôt que de prendre une voiture thermique ou un bus je veux dire). Il s'agirait alors de green washing: la personne sur sa trottinette ne voit pas les kilos de C02 dépensés pour la produire (dans un autre pays bien souvent d'ailleurs) donc tout va bien.
Le cas des voitures électriques est également problématique, surtout en ce qui concerne leur batterie très polluante à fabriquer. Il ne s'agit pas forcément de LA solution miracle à opposer aux voitures à essence.
3EME POINT: La comparaison pays développés - pays en développement. Nous avons beaucoup parlé de ce que nous pouvions faire, nous, à notre petit niveau, pour réduire nos émission de gaz à effet de serre. Or, comme le soulignait très justement un banquier "vert" (oui, il investit dans des projets "durables"), les pays en plein explosion démographique n'ont pas du tout les mêmes problématiques ! Ils ne se soucient pas de construction écologique ou de transports non polluants (quoique les véhicules électriques soient en plein boom en Chine) mais bien de pouvoir loger tout le monde et de construire suffisemment d'infrastructureS. Il s'agit donc, quand on parle d'écologie, de ne pas être nombriliste mais de considérer les pays émergents comme les pays pouvant vértitablement avoir un impact sur le changement climatique, que cet impact soit bénéfique ou non.
4EME POINT: L'usage des données. Le numérique et l'écologie, sont-ce deux notions contradictoires ? Ou complémentaires ? Pour la moitié des participants, l'usage des données constituait le meilleur chemin vers plus d'intelligence, vers une meilleure gestion de nos modes de vie et donc vers plus de respect de l'environnement (contrôle des consommations énergétiques, lutte contre le gaspillage alimentaire etc etc). Cependant, pour l'autre moitié, le numérique n'est certainement pas la panacée.
Premièrement, qui dit numérique dit énorme consommation électrique (cf les data centers par exemple). Est ce qu'un clic ne consomme pas plus d'énergie que l'impression d'une page de papier ? Ensuite, la gestion des données de millions de personnes, même dans un but écologique, pose la question de la gouvernance. Qui va avoir accès à ces données ? Pour le moment il semblerait que les GAFA (bientôt les BATX chinois) soient en bonne position pour s'en charger... Est ce n'est pas une bonne nouvelle. Enfin, le recours systématique au numérique, dans le domaine de l'architecture et de l'ingénierie par exemple, n'encourage pas la réflexion et l'intelligence humaine. Au contraire, les professionnels de la construction ne sont plus des "sachants" mais des gestionnaires de logiciels ...
A méditer :)
Ce petit évènement était riche de notions à méditer et de rencontres palpitantes.
The Townie's Note
EDITO N°1
*: L'X c'est l'école Polytechnique, pas une école... ahem disons "douteuse"