Le canal du midi
05 septembre 2020
Je t’écris ces quelques passages sur un bateau au milieu du canal. Les chauves-souris tournoyaient autour de moi (je ne suis pas craintive, lecteur, mon film préféré est quand même Twilight chapitre 1, mais quand même) et des ragondins commençaient à nous encercler. Alors je suis rentrée dans l’habitacle rassurant du bateau
Si tu m’as suivie sur instagram, tu sais que j’ai vécu récemment de grandes aventures.
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En effet, ma chère maman a eu la brillante idée de me préparer un « séjour surprise » de 4 jours pour fêter la fin de mon travail (et le début du nouveau. Ou inversement). Bref. Je ne connaissais pas la destination (logique) ni ce que j’allais faire (toujours logique). Elle m’avait seulement dit que ce serait à 5h de route de Bordeaux (où nous habitons) et que je devais prendre un maillot de bain et mon pull-chameau*. Bon, déjà, cela m’a un peu perturbée car c’est comme si je te disais « tu viens mais tu apportes tes tongs et ta cagoule ».** Mais ça n’était pas ce qui m’inquiétait le plus. J’ai commencé à avoir de légères sueurs quand je l’ai vue préparer les bagages : des draps, des sacs de couchage mais surtout … du papier toilette. Le fait de ne pas aller dans un hôtel m’angoisse en général un peu mais si nous en étions réduites à apporter notre propre PQ cela signifiait quelque chose de bien pire, quelque chose dans l’extrême dénuement voire dans la nature la plus féroce. Je n’osais pas trop lui dire « Heu, en fait je crois que j’avais encore des choses à faire à Paris… » donc j’ai pris sur moi – mais je pense que vu ma tronche, elle a compris que je n’étais pas très rassurée.
Je t’épargne les quelques jours de questionnement existentiels précédant notre départ et les heures de route durant lesquelles je scrutais le moindre panneau sur l’autoroute pour deviner où nous allions. La peur faisant, j’en était réduite à chiper*** des serviettes en papier et des gobelets en carton dans les aires d’autoroute « au cas où ».
Quand nous avons passé Toulouse puis Carcassonne, j’ai été un peu rassurée et m’imaginais dormir dans un château Cathare (ça aurait fait super classe comme histoire, « dormir dans un château », même sans PQ). Mais que nenni. C’était bien mieux !
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* le mien est un authentique pull en poil de chameau acheté sur un marché en Mongolie parce que ma valise n’était jamais arrivée à bon (aéro)port et que je me les pelais (pour parler poliment).
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** quoique… Après, mûre réflexion (c’est-à-dire réflexion de 2 secondes) je pense que « maillot de bain » et « pull-chameau » ne sont pas deux termes si antithétiques que cela. En effet, je pense que mon pull chameau est adapté à absolument toutes les températures. Après le short hawaï, je pense d'ailleurs que c’est le meilleur vêtement du monde car il tient parfaitement chaud quand il fait froid dehors, il tient au frais quand il fait chaud, il repousse les agressions extérieures (et les prédateurs mâles) par sa texture piquante mais peut aussi attirer des amis par sa couleur chameau-caramel très chaleureuse. Bref, il s’agit d’un allié I-D-E-A-L pour toutes les grandes explorations.
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*** qui utilise ce terme sans penser immédiatement « Shiper arrête de chiper ! ». Mais, plus simplement, qui utilise ce terme ??
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Oui oui oui . Arrivées à Homps, j’ai découvert ce qui m’attendait pour les 4 prochains jours : ma mother avait loué un petit bateau sur le canal du midi ! Juste pour nous deux et, comme il n’y avait pas besoin de permis, je pouvais être le capitaine, tâche qui m’allait parfaitement. Ma maman endossait donc le rôle de moussaillon et notre petit chien-grabataire-de-17-ans (qui était venu lui aussi) le rôle de mousse.
Et ce fut gé-ni-al. Ok, le confort n’était pas au top (et tu sais à quel point j’aime le confort lecteur). Mais conduire un bateau, même de 9 mètres, même tout bosselé, même nommé « Joe Dalton », même sentant les pieds, c’est très chouette. Je ne vais pas te soûler avec tout ce que nous avons fait, ni avec le nom des bleds paumés, pardon, « villages », traversés tels « Capestang », « Poilhes » (moi je prononçais évidemment « poil » pour pouvoir dire « allé ! je vais à Poilhes » mais j’ai appris qu’on disait « Poye »… ce qui m’amuse immensément moins) ou «Argeliers ». Non, je vais te faire plutôt la liste de tous les trucs cool et moins cool qu’il y a à louer son bateau sur le Canal du Midi (et accessoirement à en être le capitaine) :
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Notre (magnifique) bateau que j'ai réussi à garer* au bout d'une heure.
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* je pense qu'on ne dit pas "garer" d'ailleurs - mais amarrer ou un truc du genre. MAIS comme je ne suis pas en mer, ne dois je pas dire "afluvier" ? Ou "acanaler" ?
Bref, laissons "garer" pour le moment...
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Trucs cool
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Tu dis bonjour à tous les bateaux que tu croises. Moi ça me plaisait tellement que je disais bonjour tout le temps, dès qu’un truc flottant passait dans mon champ de vision. Et étant le capitaine du bateau, je prenais bien entendu un air très sérieux (voire un peu méprisant), et levais la main de manière impériale.
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Tu peux dormir dessus donc te coucher et te réveiller face à des paysages magnifiques. Je t’en mets quelques-uns pour te donner une idée (et te rendre un peu jaloux)
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L’ambiance des petits ports est très chouette. J’y retrouvais souvent les mêmes têtes (grises, blanches voire sans cheveux du tout) que j’avais croisé sur l’eau. Nous avions tous l’impression de vivre une grande épopée commune (alors qu’en réalité nos bateaux faisaient du 8km/h, que nous étions quasiment tous débutants sans permis, et qu’on zigzaguait sur l’eau plus qu’autre chose…)

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Trucs un peu moins cool
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On ne dort pas très bien car 1) le lit consistait en une planche de bois recouverte d’une sorte de mousse cheloue et couinante*, 2) j’entendais toutes sortes de bruits étranges à l’extérieur du bateau, 3) ma mère et le chien-grabataire ronflaient comme deux ours enrhumés…
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On ne peut pas se baigner dans le canal car il est très pollué (en fait sa couleur marronnasse est due au fait que toutes les toilettes des bateaux se rejettent dedans… Donc en gros, si tu t’y baignes, tu as à boire et à manger !**) ;
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Un bateau ce n’est pas facilement maniable. Au début, je rentrais dans tout ce qui se trouvait à ma portée – un bout de bois flottant, une berge, un pont. J’ai compris que quelque chose n'allait pas dans ma façon de procéder quand j'ai heurté un voilier flambant neuf et que le propriétaire du navire m'a jeté un regard noir comme l'enfer...
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La traversée des écluses est E-PUI-SAN-TE (je te laisse chercher « écluse » sur internet lecteur, si tu souhaites enrichir ta culture personnelle) d'autant plus que tu as souvent des gens (une foule d'admirateurs dans mon cas) qui t’observe manœuvrer. La pression est donc immense.
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On n’avance pas très vite. J’avais parfois l’impression d’être un requin fluvial et d’aller à une extrême rapidité. Mais quand je voyais les vélos me dépasser sur l’autre rive je savais qu’il n’en était rien …
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* Bon je ne sais pas si les couinements provenaient de la mousse en elle même ou si c'était la planche qui gémissait à chaque fois que mon corps de baleineau remuait dessus ... Le mystère reste intacte !
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** Blague très sale, j'en conviens
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Les canards avaient tout compris et choisi le meilleur spot

Un des ponts dans lequel je suis rentrée - RIP cher pont
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Bref, ce fut une super expérience que je ne peux que te recommander lecteur, si tu souhaites ouvrir tes chakras !
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J'me tire, n'me demande pas pourquoi chui partie sans mon tif (etc etc)